Ce soir, j'ai envie de parler du seul point commun qui nous uni tous, celui que nous partageons tous : La différence.
Ce soir, mes errances sur la toile m'ont conduite à ce petit film d'animation, tout en douceur et en poésie, sur le monde imaginaire d'une petite fille autiste.
"Quand maria est avec nous, elle fait du monde un monde meilleur"
Cette conclusion en fin d'une vidéo m'a comme percutée. Elle m'a amenée à réfléchir à ma définition de l'autisme. Qu'est-ce que c'est ? Je ne m'étais jamais posé la question. Jamais je ne me suis interrogée. J'ai toujours fait avec ce que j'en entendais.
Ce soir, j'ai reconsidéré cet "état" et soudainement, il est sorti du cadre de la maladie (mentale) ou plutôt du trouble (neurologique) où mon esprit l'avait rangé jusque là. Alors j'ai continué les lectures sur la toile et visiblement, je suis un peu à la bourre niveau prise de conscience ! Mais si je le suis, alors d'autres le sont et cela signifie qu'on ne communique pas encore assez sur le sujet. Je n'y connais rien du tout. Pas plus que la plupart d'entre vous. Je n'ai même jamais croisé d'autiste, en tout cas que je sache. Alors je suis mal placée pour en parler. Par contre, sans être experte, je suis passionnée par les neurosciences depuis des années. J'aime les réponses qu'elles apportent et l'étendue de leurs possibles. Et c'est sous cet angle là que j'ai vu les choses. Il y a un un concept, encore assez méconnu mais qui semble commencer tranquillement à faire parler de lui, c'est la neurodiversité. Oui. Vous pouvez faire la parallèle avec la biodiversité, c'est la même. C'est la beauté de la nature, de la vie. Celle d'esprits distincts. De visions et de fonctionnements propres à chacun qui, si ça se trouve (fabulons), sont justement fait pour entrer en parfaite complétude, à l'image de certaines colonies, de meutes, ...de l'univers. Sous cette angle, les différences cognitives (entendez autisme, TDAH, dyslexie, dyspraxie, bipolarité, etc.) ne sont que le reflet de nos diverses formes d'intelligence. Imaginer voir s'imposer une unique façon de percevoir le monde, de concevoir la vie... de penser, est aussi déséquilibrant pour l'humanité que le serait la disparition d'une espèce animale (biodiversité, tu te souviens ? la même...) ou aussi dingue que de chercher à supprimer la diversité culturelle ou sexuelle ! (ou que d'espérer un monde où ne vivrait que des petits blonds aux yeux bleus... ...) Pourquoi l'autisme serait une maladie à guérir ou un trouble à éradiquer ? Par exemple, nous vivons une période où les surdoués (hpi, hqi, surefficients, zèbres... choisissez selon vos croyances...) sont à la mode. Les ouvrages pleuvent, les psy s'éclatent, les séries télé s'y collent, l'image du petit génie est dans le même temps aboli et entretenu. Tout le monde veut en être et ceux qui en sont ne s'y retrouvent plus. Mais, tout le monde s'accorde sur une chose, en tout cas sur le papier, il ne s'agit pas d'une maladie mais d'un fonctionnement différent. "Enfin, nous sommes contents, nous avons réussi à comprendre comment ces singuliers personnages fonctionnent, comment il s'articulent... Sauvés !" Pourtant, avant de comprendre... être surdoué c'était soit parvenir à ressembler à Einstein, soit se faire traiter pour ... un dysfonctionnement... puis un autre, et un autre ou même un autre. Les surdoués ont ainsi soufferts (et souffrent probablement toujours au moins dans l'enfance) de ce regard d'incompréhension face à la différence. Même regard que celui qui est porté sur les autistes. Et il me semble que la majorité de ces personnes ne s'en retrouvent pas motivées par l'ambition de "guérir" mais plutôt par le désir d'être compris, le droit d'exister pour qui elles sont. Des êtres humains intègres et non des curiosités à analyser, à ranger ou à arranger. Les campagnes de sensibilisation pleines de bonnes intentions tapent, à mon sens, en plein dans l'estime des autistes et cela peut avoir un effet dévastateur. Le manque d'estime de soi enferme. Bloque les compétences. Elles se retrouvent en dormance et non exploitées et seules les difficultés sont mises en avant. Pourquoi, n'est-il pas possible de voir autre chose que des êtres fragiles ou inférieurs dans ce qui n'est pas compris ? Pourquoi imaginer qu'un cerveau différent de celui de la norme est un cerveau endommagé ou "anomalique". C'est si flippant que ça d'accepter que certaines personnes pourraient avoir des aptitudes complètement différentes ? Que certains puissent être très habiles socialement et que d'autres auraient des capacités perceptives tellement développées que la vie sociale tel qu'elle est construite les agresse ? Parce qu'il est évident que dans notre société actuelle, les montagnes et les embûches sont nombreuses pour les personnes concernées et leur entourage. J'imagine un quotidien pouvant paraitre parfois insurmontable face aux défis à relever. Il ne s'agit pas de s'illusionner dans l'idée qu'il suffirait de rien pour rendre le quotidien facile aux parents d'autiste par exemple, ni de dire qu'en clignant des yeux pour changer de regard les interactions sociales seront soudainement moins agressives pour eux... J'essaie juste de dire que la différence est normale. Du moins, j'aime à croire qu'elle est saine. Revoir sa manière de concevoir cet aspect des choses permet d'encourager dans la bienveillance et le respect et ainsi motive l'envie d'améliorer les conditions et de soutenir dans l'épreuve. Je ne suis pas autiste. Je ne peux rien en savoir. Mais j'imagine, autant que me le permet l'empathie, que j'aimerais, en tant qu'être humain, avoir le choix de mon traitement. Avoir le choix de me conformer ou de porter ma différence. De m'intégrer et donc de changer ce que je suis... ou non. Alors peut être que je fais fausse route et que les milliards dépensés pour trouver des solutions afin d'éradiquer ou de prévenir ces différences cognitives, comme l'autisme, sont la meilleure des solutions. Pour autant, je ne peux m'empêcher de penser qu'il serait plus salutaire et plus enrichissant pour tous, de concentrer les efforts sur la qualité de vie, le soutien et la mise en avant des habilités, pour motiver à en faire une force. Un cerveau et des chemins neuronaux distincts et un autre regard sur la vie. Ce n'est ni une maladie ni un trouble. C'est une différence. Différence qui ne devrait avoir aucun autre effet sur vous que celui de vous dérouter, un instant. Le temps de vous rafraîchir, de vous faire sourire, celui de vous faire réfléchir. Belle semaine à tous. Avec le cœur. - c.l.
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
Mes tentatives d'écrits
|