C'est parti de là. Une photo, simplement légendée - "Hiroshima mon amour" M. Duras -, sur la page FB Collisions. J'avais entendu parler de ce film sans jamais trouver l'occasion (ou le courage...) de le regarder. France et Japon : 1959 Réalisation : Alain Resnais - Scénario : Marguerite Duras - Musique: Georges Delerue et Giovanni Fusco Comme d'habitude, je laisse les curieux googler le sujet. (Allociné, Wikipedia, etc.) "Je te rencontre. Je me souviens de toi. Cette ville était faite à la taille de l'amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même. Qui es-tu ? Tu me tues. J'avais faim.[...] Tu me tues, tu me fais du bien."
"Tu me tues, tu me fais du bien"... réplique du film qui fut probablement sur toutes les lèvres en 1959. Une lecture vibrante où le désir, imprégné sous la peau de deux amants, fini par contaminer les mots jusqu'à s'incarner dans le langage. On peut lire les rythmes, les gestes, les silences. Témoignage hétéroclite qui met à nu deux mémoires : En pagaille on y trouve tendresse, déchirures intimes, douleur et violence du souvenir, tension du désir, mort, amour. Subtile mélange de folle mélancolie et de folie de vivre, l'ensemble explose littéralement en un feu d'artifice d'espoir. D'abord, il y a l'histoire. "Elle" raconte à son amant, "lui", un jeune homme japonais, son histoire d'amour pendant la seconde guerre mondiale avec un soldat allemand, décédé depuis. Des sortes d'extases temporelles dans lesquelles les sentiments et le temps paraissent confondus, mêlés entre passé et présent, comme si elle revivait cette relation au côté de son nouvel amant. Ensuite et surtout il y a le fond. 1959. Nous sommes à Hiroshima, quatorze ans après l’explosion de la bombe atomique. La catastrophe reste en fond, comme si elle servait simplement de décor et pourtant, rapidement, le drame nous envahi. Mais la vie est là et renaît malgré elle. Elle reprend ses droits sur une société pourtant traumatisée. La légèreté des passions dans la réalité des atrocités du bombardement. Marguerite Duras aborde la paix et nous impose la mémoire, mais pas le passé. La mémoire que l'on vit dans le présent. Celle qui prend part à la réalité. Lui a vécu le bombardement à Hiroshima. Elle a vécu les humiliations des femmes punies à Nevers. Le rescapé et la tondue. Le dialogue s'impose entre ces deux torturés, pour se comprendre, pour éviter de voir l'histoire se répéter, pour guérir de ces souvenir et construire une nouvelle mémoire bien établie et assumée. Aujourd'hui encore cette histoire est difficile. La paix. Mais j'essaie d'imaginer ce que cela représentait à l'époque de la sortie du film. La gloire et le succès était à la Résistance. Il convenait d'oublier. Dans le cinéma, personne ne parlait de la Shoah par exemple, sauf justement Resnais avec Nuit et brouillard. Mais mon sentiment est que Resnais n'est pas un dénonciateur. Il montre, expose. Son travail est tourné sur la mémoire et ses effets mais comme je le disais plus haut sur le travail de Duras, non comme un historien mais pour son impact dans le présent. J'ai repris la phrase qui m'a amenée à cette lecture, ainsi que celle qui aujourd'hui fait partie du "culte" pour m'imposer un texte. Le champ lexical choisi n'est pas difficile à deviner. Si la curiosité vous pique c'est ici => Rescapée
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