En effet, l’assassinat de Pierre Bouteille dans ces circonstances aussi cruelles que particulières amenait à ré-envisager le mort de Lalouche. Il était évident que ces deux tragédies étaient liées.
Les sentiments, les émotions, l'intrigue... tout diverge. Tout se confond et se mélange. La polémique naissante anime les conversations. La beauté de cette symphonie, le romantisme et la joie qu'elle raconte controverse avec la violence et l'inhumanité des crimes qu'elle engendre. Alors les ressentis sont mitigés. Les cas de consciences nombreux. Mais taire cette œuvre serait également un crime en soi selon les grands virtuoses de ce milieu, qui d'ailleurs sans l'avouer, attendent tous impatiemment de connaître le troisième mouvement... L'enquête piétine et le public est là, aux aguets, attendant de connaître la suite. On n'arrive même plus à savoir s'il réclame justice ou s'il cherche à assouvir une malsaine curiosité. Les superstitions ont la vie longue : tout le monde connaît maintenant la malédiction de la neuvième symphonie. Malédiction qui a pris vie avec Beethoven et qui s'abat sur les compositeurs qui tentent d'écrire plus de neuf symphonies. Peu de compositeurs sont arrivés à ce chiffre. Beethoven étant celui qui rendit la composition d'une symphonie aussi délicate et complexe... le travail de toute une vie pour certains compositeurs. Évidemment il existe bons nombres de contre-exemple, mais encore une fois... Les superstitions sont tenaces. La malédiction est réinterprétée et arrangée à guise, maintenant les engouements de tous genres. Une majorité est persuadée que la symphonie est inachevée. Et malgré le mouvement retrouvé à côté du corps de la deuxième victime, certains continuent même à l'attribuer à Lalouche. Puis souvenez-vous ! C’est à ce moment là que monsieur Alain Couteau, critique et compositeur classique a publié un article dans la presse spécialisée. Article repris en masse à la une des quotidiens. "Quel autre compositeur aurait pu être l’auteur d’une telle œuvre ? [...] Si cette symphonie est écrite par quelqu'un d’autre, pourquoi l’aurait-il caché ? [...] Selon moi, il ne peut pas y avoir de doute. Il n’y a rien à attendre d’autre, si l’œuvre devait avoir été fini, l’auteur n’aurait pu s’empêcher de la présenter." Insupportable. Et comme si cela n’était pas déjà suffisamment ridicule, le communiqué du commandant Manique sur les avancées de l’enquête est venu lui faire écho « L’enquête avance, tout porte à croire que … Lalouche est en effet le compositeur de ces deux mouvements. Nous pensons que l’assassin était venu les lui voler. Les éléments semblent montrer qu’il avait préparé méticuleusement l’agression mais que dans la précipitation une partie de la symphonie lui a échappé. Il a probablement été dérangé. Nous pensons également que l’assassin voleur a voulu se faire passer pour le compositeur auprès de Bouteille en lui proposant le deuxième mouvement mais que celui-ci a menacé de le dénoncer. L’échange a pris une tournure tragique » Exaspérant.
0 Commentaires
Le single Love Me Do est en dix-septième place dans le hit britannique. Gilbert Bécaud chante et Maintenant, Richard Anthony entends siffler le train, Claude François séduit avec Belles ! Belles ! Belles ! Ray Charles Can't stop loving you, Henri Oreiller, skieur alpin médaillé d'or deux fois aux JO est décédé.
Mais rapidement, tout ça n'a plus d'importance. Le référendum sur l'élection au suffrage universel du président de la République qui aura lieu en France, le 28 octobre n'éveillera pas grand intérêt non plus, parce que Pierre Bouteille, est décédé dans d'étrange circonstance. Le pays entier est tenu en haleine par l'affaire dite du tueur « à la 10ème symphonie ». Vous vous souvenez sans mal maintenant, n'est-ce pas ? Pierre bouteille, retrouvé sans vie au conservatoire de Paris. Près de lui... d'autres pages de ce qui se révèlent être des mouvements suivants de la 10ème symphonie, toujours attribué à Lalouche. L'on retrouve également un fragment d'une partie violon, laissant entendre que l’œuvre n'est toujours pas complète et remettant en question la teneur du premier mouvement. Mais il n'y a aucun doute possible, il s'agit bien de la même et unique œuvre. Le scandale éclate. Le conservatoire, les écoles de musique, évidemment... tout le monde dans le milieu est au courant. Mais plus étonnant, l'affaire dépasse le cadre, sort de ses limites. La musique classique n’intéresse pourtant personne, soyez honnête, combien d'entre vous avant cette affaire avait un jour dans sa vie écouté une symphonie ? Et voilà qu'en l'espace de quelques semaines, la France entière se passionne pour la musique, attend comme on attend le prochain Dalida de connaître le deuxième mouvement dévoilé par ce crime. Parce que oui. Pierre Bouteille a été sauvagement assassiné. Il est rare de constater autant de rage et d'acharnement dans un meurtre. L'arme du crime : un archet. L'autopsie révèle qu'il a été violemment planté dans l’abdomen de la victime, ce qui nécessite une force que seule une haine intense a pu développer. Puis s’étant certainement brisé à ce moment-là, l'assassin s'en est servi pour étrangler sa victime. Il est cohérent d'envisager que ce geste a dû être exécuté de sang-froid, la victime au sol. Ces éléments remettent en question la mort de M. Lalouche. Rien ne laissait paraître à un assassinat mais le doute naissait. L'origine de la composition était également remise en question. Comment Pierre Bouteille en aurait-il eu la possession. Ce n'était pas possible. Cette partition devait nécessairement avoir été laissée par l'assassin. |