Comment se fait-il que malgré tout ce que je sais maintenant, il te suffit de débarquer un soir avec ton air paumé et tes maladresses pour que je me demande si je ne devrais pas remettre mes choix en question ? Ce n’est pas juste. Je n’ai pas de tort dans cette histoire. En tout cas aucun qui ne justifie que je sois torturée. Pourtant je ne peux m’empêcher de me dire que j’aurais dû savoir faire preuve de plus d’intelligence et de retenue. Que je n’aurais pas dû te dire tout ça. Qu’il ne s’agissait que de mes pensées et qu’elles n’ont pas d’intérêt à être partagées. Que cela était probablement suffisamment lourd pour toi de te retrouver dans ce qui avait été nos murs et de t’y trouver à la fois si loin et si proche de nous, d’elle.
L’ensemble me donnant l’envie furieuse de tout reconsidérer. Me rappelant celui que je pensais connaître et occultant presque celui que tu as réellement été. « Presque » parce qu’en même temps il y a ces pensées. Celles qui me disent que tout ça n’était probablement encore que mascarade ou stratagème. Que tu as sans doute cru voir une possibilité de me sauter. Que la vitesse à laquelle tu t’es mis à paniquer est incohérente avec ce que tu ressens pour moi. Que d’ailleurs, ce que tu ressens n’a jamais et ne sera jamais en lien avec moi. Que tes énigmes, parlant de ta peur d’être seul ou de la pitié que tu pourrais susciter, sont également sans rapport avec moi. Que je ne peux rien changer à ton éventuelle tristesse ou autres états d’âmes actuels car je n’en suis pas le sujet. Que cet état est provoqué par d’autres. Ou par une autre… probablement toujours la même d’ailleurs. Arrivée là je ne peux pas m’empêcher de penser à elle et aussitôt mon conflit interne reprend. Conflit dont je devrais t’épargner le détail considérant ce que je disais plus haut… il faut croire que je ne sais faire preuve ni d’intelligence ni de retenue. Alors oui, tu m’as menti bien plus que je n’arriverais à le compter. Et bien entendu, tu ne m’aimes pas. Et certainement même, tu m’as trompée. C’est beaucoup. Pour 90% des gens c’est suffisant pour te rayer de la carte. Mais, tu l’as toujours su et c’est probablement là mon plus grand tort, je ne fais pas parti de ces 90%. Je suis des 10% à la foi en l’Homme démesurée. Tes mensonges étaient ceux d’un gosse qui a encore trop peur de la vérité. Peur de se faire gronder mais surtout peur du côté définitif d’une vérité. Ce qu’il y a de bien avec les mensonges, c’est que si jamais ça ne plaît pas ou qu’on se fait choper, on peut toujours en raconter un autre par-dessus. Une fois qu’on a réussi à énoncer une vérité, c’est plus difficile de revenir dessus avec un gros bobard. Enfin… c’est comme ça que je voyais tes mensonges en tout cas et du coup, j’espérais qu’à force de vivre à nos côtés tu finirais par te rendre compte que la vérité n’est pas dangereuse. Et tu vois… c’est là mon gros problème aujourd’hui. Si je regarde tout ce qu’on m’a raconté, tout ce qui s’est passé, mon sentiment se tient. Tes mensonges m’ont bien sûr trompée. C’est le fondement du truc. Mais c’était surtout de la poudre aux yeux dans une situation établie. J’veux dire… un pour avoir la paix, un autre pour me flatter, pour sauver tes fesses, pour me faire rêver, pour me détourner, me clouer le bec… Les trucs qui auraient pu être plus graves, comme ton amour fou et tes envies de mariage avec Mlle n°1, ben c’était lorsque nous étions séparés. Ce qui d’ailleurs tu t’en doutes, a généré chez moi plein de questions sur la réelle raison de notre première séparation, qui finalement dans la forme, était assez ressemblante à la dernière. Et si l’on revient en arrière, lorsque l’on s’est remis ensemble, tu avançais entre demi-mensonges et demi-vérités. Tu continuais à mentir, pour cacher ton comportement souvent honteux, mais tu ne m’embrouillais pas avec de fausses promesses. C’était même plutôt l’inverse. J’ai pu refuser ta première demande d’achat de maison en commun parce qu’en parallèle, tu ne me racontais pas d’histoire sur l’état de tes sentiments. En clair, ni tes mensonges ni tes actes ne portaient atteintes à ma vie et encore moins à celle de ma fille et ils ne t’avaient jamais amené à être méprisant envers ce que j’étais. Au contraire. Puis je connaissais tes travers et j’avais fait un choix. Mais surtout j’y croyais. Bordel ! J’avais rencontré un mec qui n’avait pas réussi à imiter le moindre sourire lors de son premier face à face avec ce qui était (et reste) le plus solaire des clowns de ma vie mais qui, en quelque mois, s’était retrouvé à rire aux éclats lors des rassemblements chatouilles sur le lit sans que je n’ai rien à faire d’autre que de lui ouvrir les portes sur nos vies. Sincèrement persuadée que pour qu’une prise de conscience soit efficace et que donc le changement soit sincère il faut que cela vienne de soi, et non d’un bourrage de crâne à coup de sermons rabâchés. Et même si certains se targuent que cela fait quelques mois que tu souris… que tu ne réfutes pas, que tu parais même être en accord avec ce constat, mon Clown et moi nous savons que cela remonte à plus loin que ça et que tu en es le seul responsable. D’ailleurs c’est un peu en ça que réside mon conflit. Pas la forme évidement. Mais le fond. Si les choses s’arrêtaient là, je pense que je t’aurais déjà envoyé un message pour savoir comment tu vas après ce samedi soir étrange. Qu’au fond de moi, germerait l'idée que camper sur mes décisions n’a pas de sens. Les malades ne m’ont jamais fait peur. Mais… Il en va autrement pour ceux qui n’ont plus de limite. Parce que si je regarde cette fois les derniers mois, que je repense aux choses que j’ai apprises de cette période, les choses ne sont plus les mêmes. Je t’avoue que lorsque j’ai appris que selon tes dires nous n’étions ensemble que depuis quelques mois, pour ne pas dire semaines, j’ai trouvé ton envie d’acheter une maison quelque peu précipitée. Mais heureusement, bien que le RDV chez le notaire était prévu, ce n’était déjà plus d’actualité !! Ouf. C’était étrange aussi, d’apprendre que tu étais « sincèrement et profondément » tombé amoureux au printemps. Enfin ça, en soit ce n’était pas si étrange, puisque c’est le moment où tu as commencé à me parler bébé. Nous cherchions notre maison. Tu me disais m’aimer. Même une de tes amies venait de me dire que tu lui avais confié que tu étais amoureux de moi. Alors ce n’était pas étrange, ça collait avec ce que je croyais être notre vie ce printemps-là. Non, l’étrange c’est quand elle a continué, m’expliquant qu’elle ne l’avait pas voulu, pas cherché, mais que, probablement pour la première fois de ta vie, elle le déplore, tu es juste réellement tombé amoureux. Puis il a fallu qu’elle me confie tout savoir des bobards que tu me racontais pour m’embrouiller, qu’elle m’explique que si elle passait des heures au téléphone avec toi, même à la tombée de nuit, lorsque tu étais dans notre lit, à côté de moi, c’était pour te sermonner sur le sujet. J’ai repensé à ce que tu me confiais à moi à son sujet et à ce jour, où tu étais allé manger avec elle pour lui expliquer la « vérité ». Aux détails que tu m’as donnés de ce déjeuner que vous avez fini à 16h. A comme j'étais fière de toi. A toute cette conversation que tu m’as racontée avec tellement de détails mais qui, elle venait de me le faire comprendre, n’existait que dans ta tête. Elle me dit que tu m’as quitté dans un souci de vérité. Qu’il faut y voir une volonté de ta part de changer. Que c’est la preuve de ta prise de conscience. Je crois qu’elle ne te connaît pas. Pour moi c’est du déjà vu-déjà fait. Et cette fois aussi bien dans le fond que dans la forme. Ce n’est pas au nom de la vérité que tu m’as quittée mais par peur qu’elle ne t’explose à la gueule. Moi qui te parlais de plus en plus souvent d’aller m’expliquer avec elle. Puis elle. D’ailleurs, si tu n'avais pas été si loin, si tes mensonges ne m'avaient pas amenés à douter de ma santé mentale, je n’aurais probablement pas cherché la vérité, et tu aurais gagné. Et alors que je réalisais tout juste ce que cela voulait dire, elle, avec toute l’intelligence dont elle est prétendument capable et dans une magnifique pirouette, a trouvé le moyen de t’envoyer ces quelques mots bien choisis. Tu m’as immédiatement insultée. Ce n’était jamais arrivé. Jusque-là, tu n’avais jamais eu besoin de me mépriser, de m’insulter ou de me casser. Pas même pour la crédibilité d’un de tes mensonges. Encore moins pour t’y conforter. Surtout pas pour te donner raison. Mais à travers nos quelques échanges suivants, j’ai compris que désormais, tu n’avais plus aucune estime pour moi et qu’elle était ta religion, avec ce que ça comporte de beaux, d’orthodoxe, de moins beaux et de dérives. Que le mec qui avait su comprendre les débordements résultant de ses mensonges à notre première rupture n’était plus qu’un con sans la moindre indulgence. Soudain tes mots, le jour de notre rupture, ont pris un sens nouveau : « Même ton clown n’a plus ce pouvoir sur moi. »… Le gamin qui ment pour sauver ses fesses a été bouffé par un homme manipulateur. Comme ça, d’un coup. Le côté obscur de la Force ? Va savoir. D’un coup tu as décidé que tu avais le droit de jouer avec ma vie. Avec celle de ma fille. Que tu pouvais décider et contrôler quel chemin cela allait prendre. Tantôt femmes de ta vie, tantôt inexistantes selon ton public. Tu as choisi de faire de nous des options, en arrière-plan dans ta vie. Tu as perdu jusqu’à la moindre considération à mon égard, au point de réussir un tour de force improbable : Si l’on enlève ceux avec qui je t’étais utile, ne restait que ceux qui ne savaient pas quel rôle je jouais officiellement dans ta vie, et ceux qui préféraient l’oublier en t’écoutant parler. Parce que pour toi, pour ton entourage, il n’existait très vite plus qu’elle. Elle et son empreinte sur toi. Je sais bien qu’il ne s’agit que de Ma réalité. Et je me demande même si, ce sentiment que je n’arrive pas à faire taire, n’est pas juste un raccourci facile. Probablement. D’ailleurs tous ces mots alignés ne sont peut-être qu’une ineptie de conneries qui ne parleront qu’à moi… pendant quelques temps, avant de perdre définitivement tous leur sens. Je crois que bêtement, je l’espère.
1 Commentaire
Mag
21/4/2015 11:03:34
Je ne sais pas si ce texte est vécu ou fictif mais, sortant de 3 ans de relation avec un manipulateur je le trouve plein de vérités. Bien que l'histoire ne peut être la même, il y a dans le ressenti final et derrière les doutes que vous exprimez là une justesse qui me trouble en l'instant.
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